Baptême de cyclisme sur piste pour Echappées Belles
Sous l’égide de la Mutuelle santé-prévoyance Malakoff-Médéric en la personne d’Olivier DIGOUDE qui a obtenu de son entreprise le financement de cette sortie, grâce à la persévérance d’Arielle et de Daniel, un après-midi d’initiation à la piste a été organisé le samedi 25 novembre au vélodrome national de Saint-Quentin en Yvelines. Ils étaient 7 inscrits, deux mal-voyantes, Colette et Sylvia, et 5 pilotes, Arielle, Daniel, JeanLuc, Pascal et Nicolas pour une séance d'initiation de deux heures. Récit des tours de piste en vélo solo et en tandem. Bravo à tous.
Seul pistard aguerri car il avait effectué un stage par le passé sur cette même piste, Daniel donna l’exemple en pilotant au départ Jean-Luc. Colette bénéficia pour sa part d’un pilote très expérimenté et de grand gabarit de surcroît, Andy, qui la pilota en toute confiance. Mais comme les pistards pro n’étaient pas légion, d’autres comme Nicolas ont été de suite promus pilotes. La confiance accordée se révéla très rapidement payante et ils tournèrent ensemble durant une demi-heure. L’appréhension de se retrouver en haut des virages très relevés se dissipa peu à peu et il n’y eut aucune chute à déplorer.
Pour les néophytes rappelons que le cyclisme sur piste consiste à rouler sur de drôles de machines : pas de freins, pas de dérailleurs, pas de roue libre mais un pignon fixe à l’arrière et pas bien gros (16 ou 17 dents) ; sans oublier les gros plateaux (entre 48 et 52 dents) soit des braquets qui oscillent entre 6,50 et 7,00 m. C’est donc à la force des cuisses que l’on démarre et que l’on s’arrête en sollicitant dans ce cas ses muscles pour freiner, un exercice auquel ils ne sont guère accoutumés. Car le cyclisme sur piste exige des habiletés spécifiques comme savoir démarrer à l’arrêt avec les deux pieds bloqués dans les cales et entraîner de suite un grand développement, pédaler en permanence (pas de roue libre !) et en général à haute vitesse de rotation, emprunter des courbes de plus en plus inclinées dans les virages à mesure que l’on prend de la vitesse (et ne pas fermer les yeux dans ce cas !) , tenir compte des autres coureurs.. etc.
Sylvia témoigne : "J'étais la première partante pour ce baptême de tandem sur piste car je trouvais intéressant de tester une nouvelle pratique du tandem autre que celle sur route. J'étais donc très emballée à cette idée. Mais une fois arrivée au centre de la piste, le stress a pris le dessus sur l'excitation! Je n'ai pas baissé les bras pour autant et je suis montée en selle avec comme pilote un cycliste tout aussi débutant que moi sur la piste, Nicolas. J'ai décidé de lui faire confiance (comme c'est souvent le cas en tandem, nous, passagers, faisons confiances à notre pilote). Son assurance et son engouement m'ont donné suffisamment de courage pour affronter ma peur (de tomber notamment !!). Nous avons pédalé pendant une trentaine de minutes, restant sur la zone facile (zone azur) au début puis grimpant, jusqu'à arriver au point culminant. Tout s'est très bien passé. Pédaler sur piste demande beaucoup plus d'efforts que sur route et, ajouté au stress, j'étais donc vidée d'énergie après cette épreuve ! Malgré cela, je suis prête à y retourner car j'aurais cette fois-ci plus d'assurance et je pourrais alors y prendre encore plus de plaisir. Avec le handicap, j'ai développé plus de peurs qu'auparavant mais, grâce au sport, j'apprends à me surpasser et à les surmonter. Je remercie donc tous ceux qui me permettent de pratiquer du sport adapté ! Merci Échappées Belles ! "
Pour Nicolas, pilote d’un jour : "Lorsque l'association Echappées Belles m'a fait part de la possibilité de s'élancer sur une piste de vélodrome, j'ai été enchanté ! Plus jeune, je regardais beaucoup le vélo, et en particulier les exploits de nos meilleurs français, parmi eux, Florian Rousseau ou Arnaud Tournant. Lorsque nous arrivâmes à l'intérieur de l'enceinte, la piste n'en était plus une : c'était un mur aux deux extrémités de l'ovale. Un mur tellement impressionnant que ma passagère Sylvia et moi hésitâmes (un instant seulement) avant de nous lancer. Il faut dire que ce baptême était prévu, que vous soyez mal voyant ou non, pour vous faire emmener par des pilotes dits confirmés, sinon des pilotes ayant déjà foulé leurs roues sur une piste. Ce qui n'était pas mon cas... mais j'ai vite rassuré ma passagère en lui expliquant que la peur n'évite pas le danger, et qu'elle n'avait qu'à se laisser porter... à force de motivation et d'assurance. Nous nous élançâmes donc sagement pour quelques tours de piste sur le bleu azur qu'il fallait suivre attentivement. Quelques tours absolument pas inutiles car ils vous permettent de vous habituer au revêtement et au vélo, un vélo sans dérailleurs et sans freins. Impossible de changer de vitesse donc, ni de freiner ou de stopper le pédalage. Consignes : adapter sa vitesse, accélérer et décélérer progressivement, tout en restant dans les roues, car du vent, même en salle, il y en a ! Une fois ces quelques tours de chauffe profitables, nous commençâmes à monter. Une tâche ardue car il faut donner de bons coups de pédales pour prendre de la hauteur, et ne jamais regarder en bas, sinon mécaniquement on redescend...
Après quelques tours passés à s'élever, nos formateurs du jour nous laissèrent quartier libre quelques minutes ensuite. Minutes qui se transformèrent en une bonne demi-heure pour ma passagère et moi-même. Il faut dire que nous y avions pris goût, et j'avais bien en tête d'atteindre le haut du mur (l'homme étant toujours obstiné par son désir d'aller plus vite, plus haut, plus fort, et toujours aller voir ce qu'il y a derrière...). Je demandai alors à ma passagère comment elle se sentait, si elle voulait continuer, aller encore plus haut ou redescendre. Elle m'indiqua qu'elle se sentait bien mais que ce serait bien si on redescendait car elle (comme moi) était atteinte d'une certaine appréhension. Evidemment, je fis mine de comprendre et ne m'arrêtai pas pour autant. "D'accord encore un tour et on redescend". Je lui sortis cette phrase au moins 5 fois, et je fis exactement l'inverse ... environ autant de fois. Nous finîmes par atteindre le haut du mur, objectif atteint, mais que d'efforts consentis pour y arriver... Cela peut s'apparenter à une côte qu'il faut arpenter tous les 50 mètres sur environ 100 mètres... il n'y a quasiment jamais de pause ou de temps mort sous peine... de redescendre. Et une fois en haut, l'effort est toujours constant sinon même punition... Une expérience riche en émotions ! J'ai eu le privilège de renouveler cet apprentissage en solo, une demi-heure après, et, à peine remis de mes émotions, j'ai pris presque autant de plaisir qu'en tandem. C'est certain, je reviendrai !
Merci Echappées Belles et merci Malakoff Médéric ! PS : rassurez-vous, ma passagère Sylvia, qui n'était pas très rassurée, a fini par m'avouer, "je me suis remise de mes émotions et je suis prête à y retourner!" Alors venez essayer à votre tour.
Autre témoignage de Colette, qui y serait allée un peu à reculons au départ (au fait, avec un pignon fixe, on peut rouler à reculons !)
Malvoyante et venue fort tardivement au tandem (grâce à mon handicap!), je me suis retrouvée dans l'association Echappées Belles, entourée par une équipe de bénévoles tous plus compétents les uns que les autres, tant pour préparer, réparer les tandems que concocter et faire aboutir de beaux projets. Dans ce cadre- là, l'une des bénévoles nous encadrant nous a mijoté cette découverte du Vélodrome. Lorsque Arielle lança le sondage pour savoir qui serait intéressé par la proposition, sans plus attendre (ni réfléchir !), je répondis oui ! Il faut dire cependant que la proposition avait déjà été faite, via des contacts différents, sans jamais aboutir. Je pensais bien qu'il en serait de même cette fois-ci. Perdu pour moi mais gagné pour la sortie !
C’est le jour J et, assise à l’arrière de la voiture de Daniel, je pose quelques questions ; il serait temps ! Les vélos sont à pignon fixe ; pas de frein ; si on n’atteint pas un minimum de 40 km/h, on ne monte pas en haut de l’anneau ; on nous prêtera le matériel nécessaire (les tandems ont été fournis par l’ASLAA, autre club parisien pour handicapés) ainsi que des pilotes spécialisés. Bonne nouvelle. Et si on ne monte pas, on reste autour du terre-plein central sur la zone peinte en bleu appelée «côte d’azur» ! A ces mots, je respire mieux ! La côte d’azur, voilà un endroit négociable voire de villégiature !
Arrivant au vélodrome par l’entrée principale, nous attendons que le groupe se forme (y a-t-il des associations autres que EB au rendez-vous ?). On nous décrit l’endroit en nous expliquant que nous sommes au niveau du 7e ciel ! Traduction : c’est le haut de la partie cyclable (celle que l’on ne peut atteindre à moins de 40 km/h). C’est haut ! Ou, si vous préférez, les gens en bas, au niveau du terre-plein central, sont des playmobiles !
Alors la descente commence car il faut y aller, en bas ! Chaque marche descendue vous rapproche du point de départ mais vous éloigne du «sommet» ; je dirais que l’arrivée est au troisième sous-sol, trois étages quoi avant d’arriver au niveau de la mer, voire de la côte d’azur !
Un petit moment d’angoisse pour Olivier qui ne retrouve ni les pilotes, ni les tandems, un grand pour moi parce que là, il va falloir y aller! On change de côté, c’est peut-être mieux en face ? Va savoir ? En attendant, un passage aux toilettes s’impose, question de prudence ; l’arrêt technique c’est mieux avant qu’après ! (on descend encore un étage !!).
Malgré l’accueil chaleureux et l’attention qui nous est accordée, je ne suis vraiment pas à l’aise. Mais où est le petit caillou qui va tout faire dérailler? (Ridicule ; les vélos n’ont pas de dérailleur !) Rien n’y fait, les couples se forment avec la bonne volonté évidente de tous : Daniel qui a déjà suivi plusieurs sessions se met aux commandes spontanément, merci Daniel. De même pour Nicolas et Jean-Luc ; je ne saurais pas dire s’ils ont eu un baptême, je crois que je commençais à fermer les yeux et que mon rythme cardiaque s’affolait ! Je sais qu’à posteriori Nicolas a fait monter Sylvia au paradis !! Et qu’on ne pouvait plus le sortir du vélo. Jean-Luc s’est offert une cure de jouvence et, se prenant pour Tarzan, a eu envie de pousser son cri en haut de l’anneau !!
Pour une fois je me suis retrouvée avec un super pilote, presque à ma taille (2 m), un Anglais SVP (je ne lui parle pas du brexit !), une ficelle de gentillesse, compétences et efficacité, membre de l’ASLAA). De la sérénité et des explications précises et roule ma poule ; j’ai abandonné la côte d’azur, suis montée trois ou quatre fois à mi-pente, je ne saurais vous dire si c’était les Alpilles et je suis arrivée au 7e ciel (les yeux fermés!) mais juste une fois ! Ces émotions-là, il faut les faire vivre aux autres et savoir laisser sa place.
Nul doute que la découverte du vélodrome a été appréciée de tous et que les échanges amicaux qui s’y sont développés verront naitre d’autres rencontres et d’autres projets. Cela demeurera un moment inoubliable et je veux remercier tous ceux et celle (réforme de l’orthographe) qui ont permis la réalisation de ce moment.
Le mot de la fin pour Daniel notre président : Cette expérience nous as permis de voir que le tandem de piste est une discipline aussi grisante que le vélo de route sinon plus, car nous partageons nos sensations. Pour ma part, j'avais déjà fait de la piste, mais en solo. J'ai évidemment accepté la position de pilote pour permettre à tous de vivre ces moments intenses. J'ai eu comme premier passager Jean-Luc qui m'a fait confiance et qui visiblement préférait cette position. Je n'étais pas très détendu au départ mais les réflexes de la piste sont revenus très vite et le plaisir aussi. J'ai ensuite fait équipe avec Arielle et là encore nous avons fait honneur à EB en roulant comme des pros à la lisière des barrières. Autant dire que les sensations de vitesse étaient là. Il faut dire aussi que j'ai eu le bonheur de piloter de très bons passagers. Nous savons maintenant que nous pouvons disposer de deux pilotes pour la piste au sein de notre association.